CLAIR / comme de l'eau de roche
Publié par Etymodico le 10 04 2016

Dans l'Athènes du -5ème siècle, quand les citoyens devaient débattre de leurs affaires, on les appelait ( " klê- " ) à sortir ( " ek- " ) de chez eux pour se réunir à l'assemblée : " ek-klê-sia " .

Plus tard, les chrétiens reprirent le mot pour désigner leurs propres assemblées, d'où le latin " ecclesia " et église en français, iglesia en espagnol, igreja en portugais et chiesa en italien .

Avec un radical très proche " cla- ", le latin a formé le verbe " cla-m-o ", appeler, qu'on retrouve en français dans ac- / dé- / pro- / ré-clam-er etc ., radical que nous a emprunté l'anglais : "claim " .

L'espagnol, lui, a le verbe " llamar ", appeler .

Toujours en latin, avec le radical " cla-r- ", nous avons le mot " cla-r-us ", célèbre, celui que l'on nomme souvent, qui est à l'origine de clair / clar-té , de l'allemand " klar " et de l'anglais " clear " .

Est-ce que c'est clair ?

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CHENE / solide comme un
Publié par Etymodico le 22 02 2016

Qu'est-ce que l'homme politique Delcassé, l'écrivain Queneau, les poètes Ducasse ( alias Lautréamont ), et Chénier, le juriste Cassin, l'économiste Quesnay et l'astronome Cassini, qu'est-ce que tous ces gens-là peuvent avoir de commun ?

Tout simplement leurs ancêtres avaient un rapport avec le chêne : ils possédaient une chênaie ou habitaient tout près .

Le nom du chêne vient d'un des rares mots gaulois passés en français " cassanos ", que l'on retrouve dans des toponymes comme le Quesnoy ( Nord ) .

Quant au nom latin du chêne " robur ", de la même famille que robus-te, robor-atif, cor-robor-er etc, il a donné une variétéde chêne, le chêne rouvre .

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H ESPAGNOL / Parler comme un h espagnol
Publié par Etymodico le 22 02 2016

Pourquoi de toutes les langues romanes, seul l'espagnol inflige-t-il un traitement spécial au " h " initial du latin ?

En effet quand le français dit : femme / fils / fil / faire / feuille / fourmi, que l'italien dit : femmina / figlio / filo / fare / foglia / formica, l'espagnol dit : hembra / hijo / hilo / hacer / hoja / hormiga .

Voilà qui s'appelle parler comme un " hache " espagnol !

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POLIS / histoires de polis
Publié par Etymodico le 22 02 2016

Quel point commun peut-il y avoir entre Naples, Antibes et Sébastopol ?

Ces trois villes portent en elles, déformé, le nom grec " polis ", la ville .

Le nom de Naples, " Nea Polis ", la nouvelle ville, nous rappelle que les Grecs, dès le 8ème siècle avant notre ère, ont essaimé dans la Méditerranée, fondant des centaines de colonies, notamment en Italie du Sud ( La Grande Grèce ) et en Sicile .

Antibes < " Anti- polis ", la ville d'en face ( de Nice < Nikaia = la victorieuse ) est, elle aussi, une colonie grecque .

Quant à Sébastopol, en Crimée, c'est une création de Catherine II ( 18 ème ) .

Au 18ème et 19ème,les Américains fondent Annapolis ( Maryland ), Indianapolis ( Indiana ) et Minneapolis ( Minnesota, qui associe à ce mot grec un mot sioux, il faut le faire ! ) . Au Brésil nous trouvons la ville de Petropolis, l'ancienne résidence des empereurs .

D'autres villes actuelles, mais très anciennes, portent le nom de " polis " : Tripoli au Liban et en Libye .

Question : L'ancienne cité de Philippo-polis a donné son nom à une grande ville d'Europe . Laquelle ?

Eh bien, il s'agit de la ville bulgare de Plovdiv .

Autre casse-tête : Une très grande ville d'Europe, à défaut d'être européenne, porte doublement le nom de " polis " .

Doublement, parce qu'elle s'est appelée Constantinople < Constantino-polis, puis Istanbul, qui est peut-être la prononciation turque de " eis tên polin " = vers la ville .

Faut-il rappeler que polis " est à l'origine de polit-ique, cosmo-polit-e etc ?

En revanche, ni monopole ni oligopole n'appartiennent à cette famille : ils viennent d'un radical qui signifie " vendre " .

Mais je ne voudrais pas monopoliser le web et je m'arrête ici .

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ORIGINE / A l'origine l'Orient
Publié par Etymodico le 22 02 2016

A l'or-igine était la racine " or ", se lever, naître . Elle a donné par le latin les mots or-igine et or-ient, l'endroit où se lève le soleil .

Nous avons aussi un radical grec " or-nitho- ", l'oiseau, l'animal qui prend son essor cf ornithologie, ornithorynque .

Les Allemands emploient un mot apparenté pour désigner l'oiseau par exellence " Aar ", l'aigle .

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SONORE / sonores et sourdes
Publié par Etymodico le 22 02 2016

La langue française fonctionne sur l'opposition de couples de consonnes dont un des éléments est une sonore, c'est-à-dire un phonème, un son qui fait vibrer les cordes vocales, et le deuxième, une sourde, qui ne les fait pas vibrer .

Nous avons six couples : " b / p " // " k / g" // " d / t " // " v / f " // " j / ch " // " s / z " //

Quant une sonore se trouve devant une sourde, elle s'assourdit et devient la sourde correspondante . ainsi ad- + tiédir > at-tiédir .
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ASSIMILATION / réel et irréel
Publié par Etymodico le 22 02 2016

En composition, deux consonnes différentes en contact donnent souvent la même consonne . Ce phénomène s'appelle as-simil-ation, le fait de rendre semblable . C'est ce qui explique les doubles lettres, si fréquentes en français .

C'est ainsi que le préfixe " in- " devient " im- " devant " m ", " il- " devant " l ", " ir- é devant " r " . Exemples : im-mobile / il-lisible / ir-réel .

La même chose se passe avec le préfixe " con- " : cor-riger / com-muer / col-lecter etc .

C'est le cas avec le préfixe " ad- " : ac-calmie / ap-paraître... et bien d'autres .

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EPEE / épée, espada, spada
Publié par Etymodico le 22 02 2016

Les groupes latins " sc- ", " sp- " et " st- " ont subi un traitement différent dans les langues romanes .

A l'initiale, le français et l'espagnol, incapables de les prononcer, ont ajouté un " e " . En outre, le français a perdu son " s" .

Ainsi " spatha " > épée et espada ; " spatula " > épaule et espalda ; " schola " > école et escuela ; " sperare " > état et estado etc .

L'italien, lui, a gardé intact ces groupes : c'est ainsi que nous avons : spada, spalla, scuola et stato .

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SEMITIQUE / Arabes et Juifs, des Sémites, frères ennemis
Publié par Etymodico le 22 02 2016

Les langues sémitiques sont parlées par 400 millions de locuteurs .

Certaines, mortes, ont été de grandes langues de civilisation . L' akkadien ( à ne pas confondre avec l'acadien ) fut la langue de la Mésopotamie ( Irak ) .

L'araméen ( ou syriaque ) , fut la langue internationale de tout le Proche et le Moyen Orient . Le phénicien ( nous devons l'alphabet aux Phéniciens, ancêtres des Libanais ) et le punique, langue de l'empire maritime carthaginois .

D'autres sont bien vivantes, parmi lesquelles l'hébreu et l'amharique, parlé en Ethiopie .

La langue la plus parlée est l'arabe, elle aussi, langue de grande civilisation, qui a donné des milliers de mots au turc, au persan, au swahili ( Afrique orientale ), à l'urdu ( Pakistan ) et à l'hindi .

Les Arabes ont occupé tout ou partie de la péninsule ibérique pendant huit siècles . Pas étonnant qu'il en reste de multiples traces en espagnol et en portugais .

Quant au français, il contient deux catégories de mots d'origine arabe : d'un côté, les mots " intellectuels ", venus du Moyen-Age comme alcool, algèbre, alcalin, azimut, zénith, zéro, chiffre etc .

D'un autre côté, des mots souvent argotiques et familiers, datant de la colonisation du Maghreb, comme toubib, zob, niquer, ramdam, maboul, baroud etc .

N'oublions pas la seule langue sémitique européenne, le maltais, qui contient également beaucoup de mots italiens , notamment siciliens .

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CANON / La grosse Bertha, une fille canon ?
Publié par Etymodico le 22 02 2016

Une racine sémitique ( phénicienne, hébraïque, cananéenne etc ) " q.n.h. ", le roseau, est à l'origine de deux grandes familles de mots .

Elle a donné le grec " kanôn ", la baguette droite > la règle, le droit ( dérivé de " kanna ", le roseau ) . On trouve le mot français " canon 2 " dans " le droit canon ", qui est le droit propre à l'Eglise catholique .

L'âge " canonique " était, à l'origine, de quarante ans, minimum pour une servante chez un ecclésiastique .

Le chanoine ( < " canon-icus " ), comme le moine suivait une règle particulière .

Dans le vocabulaire des arts, le mot a aussi le sens de norme : le(s) canon(s) de la beauté .

La deuxième famille a gardé le sens initial de tube ou conduit : ainsi canne / cannisse / cannelle / cannelloni / canyon etc .

On peut ajouter canal et chenal d'où l'anglais " channel " .

Enfin, le sens militaire, le canon 1 .

Question : La grosse Bertha était-elle une fille canon ?

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VOIE / Arrête ton char !
Publié par Etymodico le 22 02 2016

La racine indo-européenne " uegh / uogh / ugh ", transporter en char, nous a donné par le latin les radicaux " veh- / vect- / voit- " que l'on trouve dans véh-icule, véh-ément, vect-eur, con-vect-ion, voit-ure etc .

Quand on s'élance contre quelqu'un, c'est parfois pour se répandre en in-vect-ives, d'où peut-être l'expression " charrier quelqu'un et arrêter son char " .

Le radical " vi- / voi- / voy- ", la route, la voie, est présent dans voy-ou, voirie, dé-vi-er .

Ce que l'on trouve devant soi sur son chemin est visible, évident : c'est ob-vie ( ob-vi-ous en anglais ) .

Quand trois routes se rejoignent, cela s'appelle un tri-vi-um, d'où est tiré tri-vi-al .

Rien de tel qu'une voie pour un voy-age, mais il est recommandé d'emporter son doublet, un vi-atique, des provisions de voyage .

Les langues germaniques ont " way " en anglais et " Weg " en allemand, lesquels ont donné son nom à la Nor-vège / Norway, la route du Nord .

J'allais oublier le wagon, le vaguemestre et les gens qui s'appellent Wagner,le charron en allemand .

Une excursion en Inde : cette racine avec un radical " vah- " a donné le mot vâh-ana, la monture, l'animal-support des divinités hindouistes et boudddhistes : ainsi le taureau blanc Nandin est-il le vâhana de Shiva et Garuda, le vautour doré, celui de Vishnu .

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DISSIMILATION / Pèlerin, tu pérégrines
Publié par Etymodico le 22 02 2016

Un radical " morm- ", la forme, avec deux phonèmes " m " a donné par le latin les mots en -forme et par le grec les mots en -morphe .

Ce phénomène, qui consiste à différencier deux phonèmes dans un même mot s'appelle " dis-simil-ation, rendre dis-semblable .

Il est assez courant : ainsi s'expliquent méri-di-en < meri-di-us < medi-di-us * / pèlerin < per-egr-inus ( que l'on retrouve dans pér-égr-ination ) / faible < fle-bilis etc .

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ETYMOLOGIE / Un conte de fées
Publié par Etymodico le 22 02 2016

Qu'est-ce que l'étymologie ? C'est certes une sorte de généalogie, la recherche des ancêtres, des parents, des racines .

C'est surtout l'affirmation que les mots ne sont pas seulement des outils comme des marteaux ou des tourne-vis, mais des fruits remplis de sucs, de senteurs et de saveurs .

Faire de l'étymologie, c'est faire oeuvre de géologue et d'archéologue, c'est identifier les différentes couches, strates du langage comme d' un paysage .

Faire l'étymologie d'un mot, c'est souvent retrouver le parfum des vieilles métaphores, c'est, comme le prince charmant du conte, réveiller les belles endormies .

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OIGNON / Pas d'union sacrée
Publié par Etymodico le 22 02 2016

Grand bruit dans Landerneau . Tempête dans un verre d'eau : " oignon " va perdre son " i " et s'écrira " ognon " !

Mettons les points sur les " i " : En ancien français, pour écrire le phonème que les Espagnols notent " ñ ", on utilisait trois lettres : " ign " . C'est ainsi que " montagne " s'écrivait " montaigne " et " Champagne ", " Champaigne " . Il en reste des traces dans les noms de Michel de Montaigne et de Philippe de Champaigne .

Donc notre " ognon ", qui , à défaut de faire l'union sacrée ( car ces deux doublets viennent du latin " unio " ) fait si bien la soupe médiatique, va rejoindre le sort commun de tous les mots en " gn " .

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CRATERE / Mets de l'eau dans ton vin !
Publié par Etymodico le 22 02 2016

Les Anciens, sauf les ivrognes, ne buvaient pas de vin pur, ce qui s'explique par le climat méditerranéen qui donne des vins très forts .

Aussi trouve-t-on parmi l'immense variété des vases grecs, un vase dans lequel on mélangeait le vin et l'eau, le cra-tère, du radical " kra- " signifiant " mélange " . Le plus grand cratère connu est le vase de Vix, en bronze, ( 200 kgs, 1,60 m ) exposé au musée de Châtillon-sur-Seine .

A la même famille appartient le mot " crase " ( < " kra-sis " = mélange ) et également le nom du vin en grec moderne : " krasi ", littéralement, le mélange ".

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