TRUCHEMENT / par le truchement du drogman
Publié par Etymodico le 02 03 2016

Pendant des siècles les Juifs furent les intermédiaires entre les différentes communautés, religions et peuples de l'Ancien Monde .

L'habitude qu'ils avaient de scruter les textes, de les traduire à partir de l'hébreu ( par exemple le Targum araméen ) les avait très tôt prédestinés au rôle d'interprètes . Ce furent, d'après la racine araméenne / arabe " t.r.j.m. " d'excellents drogmans . le mot actuel " truchement " en est la déformation .

Il en reste une trace dans l'onomastique ( l'étude des noms propres ), c'est le patronyme ( nom de famille ) Tordjman .

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GRAVE / Gourou et baryton
Publié par Etymodico le 02 03 2016

Du latin " gravis " , lourd, nous vient le radical " grav- / grev- / grèv- " . Certaines dépenses grèv-ent un budget et nous sommes accablés par ces charges . Parfois, et c'est fort aimable, le fisc nous accorde un dé-grèv-ement qui allège le poids de l'impôt .

Un autre mot, le " grief " est de la famille : il a d'abord signifié un dommage que l'on subit, quelque chose de grave puis la plainte émise à ce propos . " grièv-ement " blessé = gravement blessé .

Curieusement le langage " jeune " retrouve sans le savoir le premier sens : dans leur bouche quelqu'un de grave, c'est quelqu'un de lourdaud .

L'équivalent grec est " bary- ", lourd utilisé en musique ( baryton ) et en physique ( barycentre , baromètre ) .

L'équivalent sanskrit ( langue de l'Inde ) est guru- = lourd > important > personne vénérée, qui a donné gourou .

Avec tous les risques " graves " que l'on peut encourir quand on se fie à ces gens-là .

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NUIT / nocturne et nuit
Publié par Etymodico le 17 03 2016

Pourquoi avons-nous en français ces couples bizarre : nuit / nocturne // huit / octave // parfait / perfection ?

La réponse est simple : le groupe latin " ct " a donné en français " it ", en espagnol " ch ", en italien " tt " et en roumain ( pourquoi pas ? ) " pt " .

D'où les concordances : huit / ocho / otto / opt // fait / fatto / hecho / fapt // nuit / noche / notte / noapte .

Vous n'avez rien contre un peu de roumain pour votre culture générale ?

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OXFORD/ Oxford et Erfurt
Publié par Etymodico le 17 03 2016

Avec une racine " per / por / pr ", traverser, le latin a fabriqué le mot " portus " , le port ou le col en montagne .

Le germanique, de son côté, avec le même mot " pr-tus " a donné l'anglais " ford " et l'allemand " Furt " , le gué .

Ainsi Oxford signifie-t-il " le gué aux boeufs ", sans la moindre allusion, bien sûr, aux étudiants de cette prestigieuse université .

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EVEQUE / Fils d'archevêque
Publié par Etymodico le 17 03 2016

Une racine " sk-ep / sk-op ", voir, a donné le grec " epi-skop-os " ( de epi = sur + skop-os = celui qui voit > celui qui (sur)veille ) .

Avec le christianisme, il prend le sens de dirigeant et le mot passe en latin : " episcopus ", lequel affreusement mâchonné par les gosiers de nos ancêtres, donne le français " évêque ", l'espagnol " obispo ", l'anglais " bishop " et l'allemand " Bischof " mais est reconnaissable dans l'adjectif " épiscopal " .

Pourquoi tant de gens s'appellent-ils " Lévêque " ? Non pas que les fils d'archevêques n'existassent point, mais pas en si grand nombre .

Le mot est sûrement un sobriquet : il a désigné un homme qui avait des allures, des manières d'évêque . A moins que ce soit le domestique d'un évêque .

Pourquoi le mot anglais désigne-t-il aussi le fou aux échecs ? Mystère .

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COUVENT / les poules du couvent couvent
Publié par Etymodico le 17 03 2016

Une racine " gwem ",venir a donné, par le latin " venio ", les radicaux " ven- / vent- " . Un mot " con-ven-tus ", l'assemblée est à l'origine de notre " couvent " .

Pourquoi " couvent " alors que l'on s'attendrait à " convent " ? Certains l'expliquent par une orthographe défectueuse : le ( u ] et le { n ] se ressemblent beaucoup . Il reste que l'adjectif correspondant est " conventuel " et que le " convent " existe aussi : c'est l'assemblée générale des francs-maçons .

Dans le même ordre d'idées, on trouvera " convention " et l'anglais " covenant " .

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EGLISE / Gleizes et Laguiole
Publié par Etymodico le 17 03 2016

Dans l'Athènes démocratique du -5ème siècle, les citoyens étaient convoqués, quarante fois par an, sur l'Agora, pour décider de la conduite de la cité : c'était l' " ek- kl-ê-sia " ( de " ek " = hors de + " kl-â- " = appeler cf latin cl-â-mo = appeler ) .

Plus tard, avec le christianisme, le mot désignera l'assemblée des fidèles, en latin l' " ecclesia " que le français déformera en " église", l'espagnol en " iglesia" , l'italien en " chiesa " etc, mais reconnaissable dans le mot " ecclésiastique " .

L'anthroponymie ( noms de personnes ) et la toponymie ( noms de lieux ) ne sont pas en reste : le peintre Gleizes et le bourg de Laguiole ( cf les fameux couteaux ) portent des noms qui signifient " église " .

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FORMOSE / Belle île
Publié par Etymodico le 17 03 2016

Nous connaissons Belle-île-en-mer mais il est une autre île, que les Portugais, grands navigateurs avaient baptisée " la belle ( île ) " .

Le mot latin " forma ", la forme, la beauté a donné " formosus ", beau que l'on retrouve dans l'espagnol " hermoso " et dans le portugais " formoso " . " Formosa " au féminin est devenue Formose . Cette île a repris son nom chinois de Taiwan .

Un mot encore sur ce { f ] que le latin a perdu en passant à l'espagnol : ainsi fabulare > hablar / farina > harina / facere > hacer / filius > hijo / ferrum > hierro etc .

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PRENOMS / Dire la même chose en plusieurs langues
Publié par Etymodico le 17 03 2016

Mansour et Vincent . Lucien et Mounir . Malika et Régine .

Ces prénoms, d'origine gréco-latine et germanique d'un côté, arabe ou persane de l'autre, signifient la même chose : vainqueurs, lumineux et reines .

Et que dire de Aziz ? C'est l'équivalent de Aimé . Et de Karima ? C'est Adèle, la noble .

Quant à Abdallah, c'est Théodule, l'esclave, le serviteur de Dieu .

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RHOTACISME / Un gros mot
Publié par Etymodico le 17 03 2016

Nous observons en français des couples de mots manifestement de même famille : rustre / rural // intestin / intérieur // vétuste / vétéran // auguste / augure / / Vénus / vénérien .

Pourquoi ces différences ? c'est parce que nous avons hérité du latin un phénomène linguistique appelé rhotacisme ( de " rho ", nom du phonème [ r ] en grec ) : un [ s ] entre deux voyelles devient [ r ] .

La même chose arrive en germanique : c'est ce qui explique l'alternance was / were en anglais .

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STIMULER / Pour faire avancer les boeufs
Publié par Etymodico le 17 03 2016

Le paysan romain, pour faire avancer ses boeufs, les stimuler, les piquait avec un aiguillon, un " stimulus " .

On retrouve cette idée dans les radicaux voisins : " stig- / stingu- / stinct- qui nous fournissent in-stig-ateur et in-stinct, autrement dit quelqu'un ou quelque chose qui nous incite à agir .

N'oublions pas di-stingu-er, di-stinct, qui ont d'abord signifié " séparer par des marques " .

Mais ce n'est pas fini : le grec a " stigma ", la piqûre, d'où nous viennent les stigmates de François ( pas le pape, mais François d'Assise ) . Le saint aurait reçu, lors d'une extase, des marques identiques aux plaies de Jésus : au front, aux mains et aux pieds .

Quand un homme politique veut stigmatiser un adversaire, c'est comme s'il voulait lui imprimer ces marques, sans que ce soit nécessairement une marque de sainteté ...

Pour terminer, un petit tour chez nos cousins...Germains : l'allemand " stechen " et l'anglais " to sting " appartiennent à cette famille .

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SIROP / sirop, sorbet, chorba : même combat
Publié par Etymodico le 17 03 2016

La racine arabe " sh.r.b. ", boire a donné le mot " sharâb ", la boisson . Ce mot, comme de nombreux autres, est passé dans notre langue sous la forme de " sirop " .

La même racine a donné un mot voisin : " sharbat " qui, passé par le turc, est devenu notre " sorbet " .

N' oublions pas un troisième lascar : " shurbat ", une sorte de soupe, la chorba .

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LOUIS / De Clovis à Ludovic
Publié par Etymodico le 17 03 2016

Clovis, comme chacun sait, est le premier roi de France, ou plutôt des Francs, lesquels Francs, comme leur nom ne l'indique pas, ne parlaient ni gaulois ni latin, encore moins français, mais une langue germanique apparentée à l'allemand .

Deux racines germaniques " kl-eu " et " uel-dh " ont donné un nom de personne qui signifie " glorieux dans les combats " . Le mot est devenu Clovis et une fois latinisé en Ludovicus a donné Louis et plus tard Ludovic .

La racine " kl-eu ", signifie sonore, bruyant, célèbre ; elle a donné l'anglais " loud " et l'allemand " laut " .

Nous retrouvons cette racine prestigieuse dans les noms de rois mérovingiens : Clotaire, Clotilde, Clodomir, mais pas Cloclo .

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ETOILE / Un prénom qui nous vient de loin
Publié par Etymodico le 17 03 2016

Du radical " stell- " , l'étoile nous viennent les mots con-stell-ation, Estelle et bien sûr, plus déformé, étoile .

Ce radical est proche du grec astro- , l'astre, de l'anglais star et de l'allemand Stern, signifiant eux aussi l'étoile .

Nos lointains cousins Iraniens nous ont donné un prénom par l'intermédiaire de l'hébreu, c'est Esther .

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DESIR / Sidéré
Publié par Etymodico le 17 03 2016

Le radical " sidér- " , du latin " sidus / sideris ", la constellation, l'astre, nous fournit les mots inter-sidér-al ( cf les espaces intersidéraux ) et sidér-é, frappé par un astre .

Le verbe con-sidér-er est de la famille : il s'agit d'examiner avec respect ( n'oublions pas que les astres étaient divins ) . Quant à " de-sider-are " d'où est venu " désirer ", c'est d'abord " regretter l' absence de " puis " souhaiter sa présence " . Quand l'astre aimé n'est plus là, c'est le dés-astre !

Le prénom Désiré " De-sider-ius ", a un doublet : Didier ou Dizier, comme dans Saint-Dizier en Haute-Marne .

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